LE VOLCAN

[…]
« La prairie immense était d’un vert anglais, green à perte de vue entretenu par les pluies bienfaisantes de ces derniers jours. Pourtant, ce matin, le ciel avait retrouvé son bleu immaculé, aucun nuage ne perturbait l’horizon au bout duquel venaient se mélanger ces deux couleurs.
L’illusion était impressionnante.
Et puis, ce craquement dans ma tête, brutal, imprévisible, subversif, me détournant de mon état paisible des semaines précédentes : quelle perversité !

Le volcan crachait déjà des laves orangées qui, en un peu de temps, s’explosaient au sol et, au contact de l’herbe encore humide du grand pré, fumaient en se solidifiant. L’orange couleur brûlante, tel le fruit tombé de l’arbre, s’habillait maintenant d’une teinte anthracite, de mort et de rigidité. Les bombes pleuvaient encore quand le cratère, peu à peu, se calma ; son rugissement devint plus faible, ses grognements d’ogre affamé ; timides, ses tremblements ; à peine perceptibles.

Je regardais, surprise, le résultat de cette violente éruption : le vert n’était plus qu’une illusion ; le noir prenait possession de la terre ; l’orange feu, s’estompait.
Le volcan s’était tu.

Pascal VANIER – Tableau Le Volcan – 20/02/2018
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