IBIE

[…]
Elle marchait pieds nus dans l’eau transparente, encore très fraîche en cette saison. La sensation que lui procurait cette cohabitation lui était légère, douce et apaisante.
Le soleil printanier envoyait une lumière qui transperçait sans difficulté l’étendue mouillée qui formait un bassin naturel dans la rivière, faisant ressortir les couleurs des pierres, des algues, des écailles d’alevins… Du blanc, quelques notes de jaune, des verts…

La femme s’aperçut qu’il y avait du rouge, qui tombait dans les flots, goutte après goutte.
Portant une main à son visage, elle sentit que le sang coulait de son nez, tiède au toucher et, au regard, vermillon. Elle bascula la tête en arrière afin d’endiguer ce saignement : le ciel s’ouvrit à ses yeux, bleu uni, sans nuage. Les ciels ! pensa-t-elle, le sien si lointain et celui de Minia, ici.
Elle sentait sa présence. Elle était là.

Les pierres se souviennent lui avait dit Javière…

Et l’Ibie coulait doucement, calmement, vibrant sur la peau de ses pieds nus lui parlant d’Elle, cette enfant, cette « inconnue ».[…]

Pascal VANIER – Tableau Ibie – 9/11/2017
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